La biodiversité en ville

La biodiversité en ville

L’annonce est presque passée inaperçue. En 2001, un groupe d’évaluation des écosystèmes chargé par le secrétaire général de l'’ONU d’étudier la biodiversité rendait son rapport. Conclusion : dans les premières décennies du 21e siècle, la Terre allait connaître sa 6e grande période d’extinction biologique.

C’était si difficile à croire que le cri d’alarme a eu peu d’écho. Pourtant, l’effondrement actuel des populations d’abeilles, de moineaux ou de thons rouges (pour ne citer que des espèces communes) semble donner la mesure de ce qui nous attend : un environnement que l’hégémonie humaine a considérablement appauvri.

Parmi les causes de cette crise, l’urbanisation : en grignotant toujours plus de terrains, la ville détruit ou fragmente les habitats naturels et fragilise des écosystèmes déjà précarisés par l’excès de nutriments. On ne dira jamais assez quels effets l’explosion pavillonnaire, avec son lot de routes et de pelouses bien taillées, a sur la biodiversité…

D’où cette question : comment conjuguer croissance démographique (avec ce qu’elle implique de constructions nouvelles) et préservation des espèces ? Dans un rapport sur la biodiversité daté de 2007, le conseil économique et social donne sur ce point des recommandations très claires : « la seule solution est la densification des zones urbaines existantes. »

De fait, la densité urbaine a sur la biodiversité un effet doublement bénéfique : non seulement elle préserve les espaces naturels périurbains, mais elle réduit l’utilisation des transports responsable de nombreuses pollutions, donc de potentielles extinctions.

Pourtant, la densité fait peur. Les maires y sont globalement hostiles, leurs électeurs idem. A croire que la politique des grands ensembles a laissé quelques traces… Mais à mesure que la pression humaine sur l’environnement se fait plus menaçante, l’image de la densité change. Toujours selon le rapport du conseil économique et social, on serait « passé du tollé à la polémique. » Le débat sur la hauteur des bâtiments parisiens en est un exemple récent.

Reste à passer de la polémique à l’assentiment. Pour cela, il est nécessaire de mieux distribuer l’espace urbain entre bâti et espaces verts. Quitte à végétaliser les bâtiments eux-mêmes : le plébiscite des murs et toits végétaux suggère qu’il y a là des pistes à suivre. Idem des jardins associatifs qui fleurissent désormais dans la plupart des délaissés urbains. Pour Serge Orru, directeur du WWF France, ces poches de nature en ville n’ont pas pour seule vertu d’attirer de nombreuses espèces : elles sont autant d’invitations à « réduire la coupure incivique, à rompre la confrontation exclusive des êtres humains entre eux en milieu urbain, génératrice de tensions ».

A découvrir ce florilège d’[initiatives], on se prend à imaginer une ville où densité rimerait avec diversité. Comme si l’opposition séculaire entre ville et campagne était elle aussi en voie d’extinction…

http://www.conseil-economique-et-social.fr/rapport/Etude_BREYGROBELLET.pdf

http://www.x-environnement.org/jr/JR06/auroi.htm