Bouger autrement (1) : les PDE (plans de déplacements en entreprise)

Bouger autrement (1) : les PDE (plans de déplacements en entreprise)

Dans le cadre de la « Semaine de la Mobilité et de la Sécurité Routière » (16 au 22 septembre), Ecofaubourgs vous emmène à travers différentes [initiatives] pour une mobilité plus respectueuse de l’environnement. Premier volet de cette série avec les PDE (plans de déplacements en entreprise). Ou quand l’entreprise guide ses salariés sur le bon chemin. 9 fois sur 10, recruter c’est aussi embaucher la voiture. Résultat : les places de stationnement sont prises d’assaut autour des entreprises. Ces dernières n’hésitent d’ailleurs pas à agrandir leur parking, au lieu de trouver des solutions pour limiter la place de la voiture et ainsi réduire l’espace réservé au stationnement. Une solution alternative qui permettrait en outre de récupérer de l’espace qui pourrait de nouveau être rentabilisé par l’organisme. Le stationnement des voitures des salariés, en plus d’être un espace non productif, coûte cher à l’entreprise, en particulier pour celles qui sont implantées en centre-ville. La location d’une place de stationnement en centre-ville pour les salariés coûte en moyenne autour de 900 €. La création d’une place de parking en surface (25 m²) représente pour l’entreprise entre 1 500 € et 2 500 € d’investissement (hors investissement foncier). Mais se déplacer en voiture à son travail ne coûte pas uniquement à l’entreprise. Ainsi, pour un salarié, venir au travail en automobile, c’est accorder en moyenne 3 000 € par an pour effectuer un trajet domicile travail deux fois par jour de 20 km. D’autre part, les déplacements professionnels en voiture sont la première cause d’accidents mortels parmi les accidents du travail et de trajet (57%). Conséquence directe, la voiture implique une majoration égale à 0,36% du salaire brut mensuel, en cas d’accident de trajet. Enfin, les déplacements en voiture entraînent évidemment une dégradation de l’environnement par le rejet de CO2 et d’autres gaz toxiques. Et quand on sait que 28% des déplacements effectués en France sont d’origine professionnelle, se rendre au travail autrement qu’en voiture est devenu une nécessité pour préserver l’environnement, sa santé et … les finances de son entreprise. Un investissement en plus, des rejets de CO2 en moins C’est dans ce cadre que s’est créé le PDE à la fin des années 1990. Selon l’ADEME, ce Plan de Déplacements Entreprise comprend « un ensemble de mesures destinées à réduire les émissions de gaz à effet de serre grâce une gestion durable des déplacements professionnels conciliant respect de l’environnement, qualité de vie et compétitivité économique. » Concrètement ? Tout (marche à pied, vélo, transports en commun, covoiturage, véhicules propres), mais pas la voiture individuelle. Apparu il y a une vingtaine d’années aux Etats-Unis et expérimenté en France à la fin des années 90, le concept de PDE bénéficie aujourd’hui dans l’Hexagone d’une dynamique récente, résultant d’une prise de conscience multiple des citoyens et des élus vis-à-vis du réchauffement climatique. Pourtant, le PDE n’est pas obligatoire. Il doit simplement aider l’entreprise volontaire tant financièrement (par l’ADEME ou la chambre de commerce et d’industrie) que techniquement à mettre en place les solutions les plus efficaces en matière de mobilité pour ses salariés. Attribué dans une entreprise à un responsable environnement, directeur du personnel ou autre responsable des moyens généraux, ce dernier doit faire au mieux pour inventer et proposer des solutions alternatives à la voiture. Pionnière en la matière, l’entreprise ST Microelectronics de Grenoble fait aujourd’hui partie des entreprises qui ont sauté le pas (en 2008, le cap des 500 PDE a été franchi en France). Située en périphérie du centre ville, elle compte 2 100 salariés. Dès 2000, un PDE y a été lancé pour un coût total de 240 000 euros (dont 43 000 financés par l’ADEME). Ce dernier comprenait notamment une navette pour les usagers du train, des abonnements transport à tarif préférentiel, des aménagements piétons sécurisés ainsi que des kits vélos. Résultat : 37,5% des salariés ont abandonné la voiture pour opter pour un mode de transport alternatif, 360 tonnes de CO2 n’ont pas été rejetées dans l’atmosphère, et le PDE mis en place par l’entreprise est aujourd’hui cité en exemple. La réussite du PDE dépend d’ailleurs largement de l’importance accordée par l’entreprise à son fonctionnement (budget approprié et mise en place d’une structure adéquate pour le réaliser). Pas négligeable également, l’amélioration de l’image de la société. Même si sur ce point, « les plans uniquement créés pour se donner une image verte sont les moins efficaces », observe Laurent Lanquar, du département organisation des transports de l’ADEME. Inciter les salariés à changer Autre exemple d’application du PDE à Villejuif par l’Institut Gustave Roussy. Ce centre hospitalier situé en périphérie de Paris est mal desservi par les transports en commun. La plupart des salariés et visiteurs s’y rendent donc en voiture (2 200 employés, 1 700 patients et 400 accompagnateurs). Pour régler les problèmes récurrents de stationnement et pouvoir développer ses activités, l’IGR décide, en 2000, de réaliser un Plan de Déplacements Entreprise. Suite au diagnostic, l’IGR met en place un système de covoiturage, une navette reliant l’IGR au métro et RER ainsi qu’un « point info » permanent sur les transports alternatifs à la voiture individuelle. Depuis, seulement 59% des salariés et visiteurs utilisent la voiture contre 71% avant le PDE. 357 tonnes de CO2 évitent d’être ainsi rejetées chaque année. Des résultats qui n’étonnent pas Laurent Lanquar : « les entreprises s’aperçoivent aujourd’hui que les problèmes de déplacements peuvent avoir des conséquences économiques sur leur activité et qu’elles doivent réagir pour rester compétitives ». Et d’après les derniers chiffres en matière de mobilité, le PDE devrait avoir de beaux jours devant lui. 53 % des urbains utilisent la voiture tous les jours ou presque, alors que 48% ne prennent jamais les transports en commun. Enfin, un déplacement automobile sur deux est inférieur à 3 km, un sur quatre est inférieur à 1 km et un sur huit est inférieur à…500 m ! Pour en savoir plus : Site officiel du PDE L’exemple de PDE de STMicroélectronics à Grenoble L’exemple de PDE de l’Institut Gustave Roussy Semaine de la Mobilité et de la Sécurité Routière Lancement de la Semaine : Fête des Transports (Paris, Place de la Bastille) Samedi 12 et dimanche 13 septembre 2009 Journée du Transport public dans toute la France Mercredi 16 septembre 2009 Pour participer, rendez-vous sur le site dédié : www.bougezautrement.gouv.fr