Interview : Jean-Paul Albertini, Directeur de la SEMEAEST

Interview : Jean-Paul Albertini, Directeur de la SEMEAEST

Jean Paul Albertini est directeur général de la SEMEAEST, en charge de l’aménagement de la Zac Pajol. Il a accepté de répondre à nos questions sur le projet en cours.

JPA – Le projet est assez ancien dans la mesure où il est né dans l’opposition du projet initial qui prévoyait de raser les bâtiments existants pour construire de nouveaux logements dans un quartier déjà très dense. Il y avait un très fort blocage des élus et des associations de quartier. Après 2001 et l’arrivée d’une nouvelle équipe à la Mairie de Paris, Pajol s’est définie par la réhabilitation des anciens bâtiments et l’installation d’équipements publics et privés pour offrir une mixité fonctionnelle. Très vite, on a décidé d’aller le plus moins possible dans cette démarche environnementale, notamment en matière d’énergie et de gestion de l’eau.

EF- Alors qu’il n’y a pas aujourd’hui véritablement de définition précise de l’écoquartier, on peut lire sur le site de la Marie du 18ème que la Zac a été « labellisée ». De quelle légitimité dispose cette labellisation?

JPA – La labellisation vient de la ville de Paris. Le programme répond aux exigences de l’Agenda 21 puisqu’il s’inscrit dans une démarche forte de développement durable qui s’organise autour de critères environnementaux, sociaux et économiques. Nous avons pensé l’environnement de  façon transversale, c’est véritablement le prisme qui inclut le social et l’économique.

EF – Comment s’est organisée la concertation entre les différents acteurs du projet (élus, habitants, associations)?

JPA – Au préalable, ce projet est né, de façon informelle, de la mobilisation des acteurs locaux et des élus de gauche. Cette première mobilisation a facilité la mise en place de la concertation. La volonté de repartir sur de nouvelles bases, de garder les bâtiments déjà existants, de favoriser le développement d’équipements plutôt que d’installer de nouveaux logements, tout cela a été co-défini avec les habitants et les associations de quartier.

EF – Comment s’est opéré le choix des énergies renouvelables à privilégier pour les différents bâtiments?

JPA – On a privilégié les possibilités offertes par le site. Au niveau du réseau chaleur, nous avons eu l’accord de la Ville et de la CPCU (Compagnie Parisienne de Chauffage Urbain ) pour récupérer leur réseau de chaleur urbain (dont les ambitions prévoient 60% d’énergie propre en 2010). Aussi, nous avons donné une grande place à l’énergie solaire à travers la mise en place de panneaux photovoltaïques privilégiés par un cadre parfait : orientation sud, inclination à 30 degrés, aucune ombre portée. 300 m² de panneaux solaires thermiques (halle et collège) sont prévus pour compléter le réseau chaleur de la CPCU.

EF – La démarche sociale est un élément fondamental d’un écoquartier. Que proposez-vous pour favoriser cette démarche?

JPA – Tout d’abord, nous avons mis en place une close d’insertion sur tous les chantiers de la Zac qui offre 5 à 10 % des heures travaillées pour les demandeurs d’emploi. Une démarche qui a permis l’embauche de 3 salariés en CDI par des entreprises de travaux.

De plus, la démarche sociale s’illustre par le choix des équipements sportifs et culturels. Plus globalement, la mixité sociale est réalisée avec la présence de l’I.U.T ( 500 d’étudiants) et le pôle d’activité (250 à 300 salariés).

Ces équipements contribueront à repositionner le quartier et permettre une meilleure insertion sociale.

EF – Quel est le projet économique de la Zac? Cette nouvelle zone va t-elle permettre de créer de nouveaux emplois? Si oui, de quels types et dans quelle proportion?

JPA – Le  pôle d’activité devrait être livré fin 2011 et a été conçu pour être modulable. Rien n’a encore été décidé au niveau des sociétés qui viendront s’installer dans cet espace, aucune règle précise n’a été émise en ce sens, on voulait quelque chose d’ouvert. On ne peut pas aujourd’hui quantifier strictement le nombre d ’emplois qui seront crées mais une chose est sûre, il y aura 5 000 m² en plus pour l’emploi dans le18ème arrondissement.

EF – Une grande place a été laissée aux jardins et aux espaces verts, avec notamment un jardin partagé. Pourquoi ce choix?

JPA – La demande importante en espaces verts vient des habitants eux-mêmes et a été prise en compte par les élus. Le 18ème est un arrondissement très dense avec une très forte concentration de logements. Il y aura donc des espaces verts en extérieur et couverts sous la halle ainsi qu’un jardin partagé pour fin 2012.

EF – Quel est l’ambition de ce projet?

JPA – L’objectif principal est de rééquilibrer ce quartier, longtemps délaissé, sur les besoins des habitants en terme d’équipements. L’idée est donc de contribuer à offrir une mixité fonctionnelle en allant loin dans la démarche environnementale et de proposer un projet ambitieux au cœur d’une ville dense.