L’écologie, parent pauvre de la Présidentielle 2012

L’écologie, parent pauvre de la Présidentielle 2012

Manifestement, la tendance n’est plus au vert pour cette Présidentielle 2012. Si l’on en croit les différents sondages qui pullulent en période électorale, les thèmes principaux qui intéressent les Français sont davantage sociaux et économiques. La faute à la crise ? Reste que le pouvoir d’achat (42%) et le chômage (30%) sont loin devant l’environnement (3%) d’après une enquête BVA parue le 27 mars dans Le Parisien/Aujourd’hui en France. Autre chiffre probant : Eva Joly, la candidate d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) ne récolte qu’entre 2% et 3% des intentions de vote selon les instituts de sondage. Alors, quelle est la place de l’écologie dans cette élection ? Quels sont les principaux sujets abordés et quelles sont les différentes actions promises par les 10 candidats en lice ? Décryptage des grandes lignes des programmes écologiques des prétendants à la fonction suprême.

Dénucléariser le pays ?

Incontournable, la question énergétique et du nucléaire ne peut être éclipsée, un an et quelques mois après Fukushima. La candidate d’EELV promet la fin du règne de l’atome dans l’hexagone. Elle envisage une sortie du nucléaire d’ici 20 ans, tout en réalisant des investissements dans les énergies renouvelables. Le défi à relever ? Réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 30% d’ici 2020. A l’extrême-gauche, même ambition pour Philippe Poutou candidat de la LCR (Ligue Communiste Révolutionnaire), qui envisage la suppression de la filière nucléaire en moins de dix ans ainsi que l’expropriation sans indemnité ni rachat du lobby industriel nucléaire français. Pas d’avis clair du côté de Jean-Luc Mélenchon du Front de Gauche qui propose un référendum pour clarifier le débat et envisage de nationaliser le secteur de l’énergie : « Nous créerons un pôle 100% public de l’énergie comprenant EDF, GDF, Areva et Total renationalisé.» Le nucléaire comme énergie de transition, c’est le choix opéré par François Bayrou (Modem) et François Hollande (PS). Ce dernier propose de réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité de 75 % à 50 % à l’horizon 2025 et de fermer la centrale nucléaire de Fessenheim. Plus à droite, Marine Le Pen, Nicolas Sarkosy et Nicolas Dupont-Aignan (Débout La République) continuent de défendre le choix du nucléaire même si la candidate du FN estime que « à long terme, il est souhaitable de pouvoir sortir du nucléaire », sans préciser de calendrier. Quant à Jacques Cheminade (Solidarité et Progrès) qui recueille actuellement 0 % des intentions de vote, il met en avant l’amélioration de l’exploitation de l’énergie nucléaire et concentration de la recherche sur le civil.

 

Les énergies renouvelables

Membre de l’Union Européenne, la France n’échappe pas à la règle : la part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie finale doit atteindre au moins 23 % en 2020 afin de diversifier les sources d’énergie et de réduire le recours aux énergies fossiles émettrices de gaz à effet de serre. Le candidat sortant ne pousse pas au-delà le défi et se contente d’atteindre cet objectif en 2020. François Bayrou, quant à lui, souhaite le développement massif des énergies renouvelables avec 40% de la production électrique française en 2030 et mise sur « la simplification des règlementations administratives et fiscales pour les énergies renouvelables sur les 20 prochaines années». Eva Joly ambitionne de passer à 40 % de la production d’électricité en énergies renouvelables en 2020 et 100 % en 2050. Parmi ses 60 propositions, le candidat socialiste évoque « une montée en puissance » des énergies renouvelables en soutenant la création et le développement de filières industrielles dans ce secteur sans toutefois fournir de chiffres plus précis et propose d’élever la France « en leader européen » des énergies marines renouvelables mais encore une fois sans communiquer plus de détails. Pour Jean-Luc Mélenchon, le développement de la géothermie et un « effort budgétaire massif » doivent permettre de diversifier les sources d’énergies. La candidate FN, Marine Le Pen met en avant des ambitions réduites à la portion congrue pour les énergies renouvelables : son objectif est de couvrir à terme 10 à 15% des besoins énergétiques. Sauf que, comme le rappelle Mediapart, « l’hydraulique, l’éolien, le photovoltaïque et la biomasse représentaient déjà 12,9% de la consommation finale d’énergie en 2010. »

 

L’agriculture biologique et les OGM

La candidate LO (Lutte Ouvrière), Nathalie Arthaud, est plutôt succincte voire absente sur ses propositions en matière d’écologie, malgré quelques mots sur le nucléaire et les OGM : « je me refuse à simplement mettre en cause des techniques particulières, comme les OGM ou le nucléaire… Ce ne sont pas les techniques, mais les conditions de leur mise en œuvre dans ce système, ainsi que l’absence d’information et de contrôle de la population sur ces sujets, qui sont à incriminer. » Toujours à la gauche de la gauche, Mélenchon, qui en appelle à une VIe République, souhaite « mettre en œuvre un plan de transition écologique de l’agriculture en vue de faire de l’agriculture française un modèle d’agriculture de qualité, sans OGM, largement autonome en ressources non renouvelables, relocalisée » avec notamment au programme l’interdiction des OGM en plein champ et la vente libre des pesticides et herbicides chimiques nocifs pour la santé (le « Roundup », notamment). » Pour Eva Joly, la candidate du « Objectif zéro OGM, zéro gaz de schistes, zéro autoroutes supplémentaires », il faut atteindre 20 % des surfaces cultivées en bio, 100 % d’aliments bio dans les cantines, les crèches et les maternelles d’ici 2017et réduire les pesticides de 50% d’ici à 2018. Sur la question de l’agriculture, Hollande promet « la promotion de nouveaux modèles de production et de l’agriculture biologique » et Sarkozy de « faire un effort pour alléger les charges sur les exploitations agricoles ». L’interdiction des OGM est mise en avant par Nicolas Dupont-Aignon et Philippe Poutou pour le NPA.

 

Des mesures en faveur de l’environnement timorées

Non exhaustif, cet article n’a pas vocation à énumérer toutes les propositions des différents candidats. Chacun se distingue par quelques idées et chantiers : ce sont 1 million de logements par an qui pourront bénéficier d’une isolation thermique de qualité pour le candidat du PS et « ainsi créé[r] des dizaines de milliers d’emplois », c’est une taxe kilométrique sur les transports de marchandises au niveau européen pour Mélenchon, c’est la maîtrise des flux migratoires pour « favoriser les perspectives de croissance » pour la candidate FN ou encore la création d’un fonds d’investissement dédié au développement durable, alimenté par les quotas carbone issus du protocole de Kyoto pour le candidat du Modem. Malgré toutes ses propositions, et à la seule exception de la candidate d’EELV, aucun candidat ne semble sortir du lot en mettant en avant l’environnement comme levier de sortie de crise. Contrairement à 2007, l’attrait pour les questions écologiques est bel et bien retombé. Résultat des scores pour ce premier tour le 22 avril prochain.