Smog chamber, le goût de la pollution

Smog chamber, le goût de la pollution

Si tous les urbains ont déjà respiré la pollution de l’air, peu en revanche savent quel est le goût des gaz d’échappement. Pour rendre cela possible, la Smog Chamber, sorte de food truck expérimental, simule l’odeur et le goût de la pollution de l’air. Réalisée par le think thank Center for Genomic Gastronomy, cette machine permet de capter l’air vicié à différents endroits et à différents moments. Une approche qui mêle écologie, sciences et recherche culinaire pour sensibiliser les habitants des villes à la pollution.

Cette expérimentation fait suite à des travaux antérieurs menés par le Centre for Genomic Gastronomy sur le smog, ce brouillard de pollution si caractéristique des villes contemporaines. Déjà en 2011, un groupe de réflexion se penchait sur le projet « Smog tasting » permettant de tester la pollution de l’air par le biais de blancs en neige, composés à 90 % d’air.

Inspiré par ce projet, le collectif aidé par Nicola Twilley, auteur du blog Edible Geography, s’est rapproché du Bourns College of Engineering de l’Université de Californie à Riverside, afin d’apprendre comment les scientifiques étudient la relation entre les émissions et la chimie atmosphérique pour créer du smog synthétique en laboratoire. En travaillant ensemble, et avec les conseils du professeur David Cocker et Mary Kacarab de l’UC Riverside, le Centre for Genomic Gastronomy et Edible geography ont ainsi conçu et fabriqué une « chambre à smog » à petite échelle et développé une gamme de recettes de « smog » synthétique. Londres, Los Angeles ou la Central Valley : le smog chamber a capté la spécificité de l’air de ces lieux pour en faire des meringues !

Est-ce que le fait de manger le smog en plus de l’inhaler pourra t-il éveiller les consciences en rendant le phénomène plus concret ? Des meringues saveur « particules fines » suffiront-elles à faire prendre la mesure des conséquences nocives de la pollution de l’air sur l’environnement et sur la santé ? En rendant la pollution de l’air comestible, ce collectif rappelle aussi que celle-ci est une insidieuse injustice sociale. A New York par exemple, les niveaux de pollution de l’air les plus élevés se situent dans les quartiers majoritairement non-blancs et où les revenus sont les plus faibles. Alors, quelle saveur aura la meringue de votre quartier ?

En savoir plus : http://genomicgastronomy.com/work/2015-2/smog-synthesizer/

Photo : Jordan Ralph Design