Exposition : vers de nouveaux logements sociaux

Exposition : vers de nouveaux logements sociaux

La Cité de l’architecture présente jusqu’au 1er juillet 2010 une exposition sur le logement social, enjeu de l’urbanisme contemporain majeur et complexe. Face à une forte demande, quelle est aujourd’hui l’offre architecturale dans ce secteur? Petit tour d’horizon de quelques projets phares…

Depuis le début  du XXème siècle, le logement social a tenu lieu de « laboratoire » pour offrir de nouvelles perspectives. Aujourd’hui, de nombreuses alternatives sont proposées avec pour mots d’ordre de donner au collectif les qualités de l’individuel, redonner de la dignité au logement et bâtir la ville durable de demain. Ces ambitions restent complexes à mettre en œuvre étant donné le prix du foncier et les nombreuses réglementations qui brident la conception.

Reste que le secteur du logement social semble bien protégé des contrecoups de la crise grâce notamment aux aides apportées par l’Etat et par les collectivités locales.  La loi SRU ( Solidarité et renouvellement urbain) votée en 2000 fixe à 20% le seuil minimal de logements sociaux à atteindre en 2020 dans chaque commune. Enfin, la loi ENL de 2006 (Engagement National pour le Logement) a financé 120 000 logements supplémentaires par an jusqu’en 2009 (un chiffre qui pourrait être dépassé).

Seize projets français sont mis en avant pour l’événement. Ils sont autant d’illustrations de la possibilité de réaliser une architecture de qualité en période de relance de programmes pour le logement social.  Des architectures originales, de nombreuses ouvertures vers l’extérieur, une nouvelle approche des espaces privés et publics, un compromis entre normes environnementales et réalités économiques, voilà ce qui définit la nouvelle offre du logement social. Les Ecofaubourgs ont sélectionné quelques projets.

Pignon sur rue. Paris

Dans le cas de cet immeuble de la rue de Turenne dans le Marais, l’architecture du XVIIIe s’associe parfaitement à l’architecture contemporaine. Les appartements existants n’ouvraient que sur la rue Saint-Antoine au sud et sur deux petits puits de lumière en cœur d’îlot. En perçant le mur pignon de grandes fenêtres, les architectes Chartier-Corbasson ont fait pivoter l’organisation de 90° et agrandi l’espace par un réseau de balcons et de coursives, distribué par un nouvel escalier et un ascenseur.  La maille métallique offre une nouvelle identité au bâtiment.  La volonté des architectes était marquée par l’importance de pouvoir accéder à son logement par l’extérieur, offrant ainsi le même confort que dans un habitat individuel.

Bienfaits de serre. Nantes

Classé en Zone Urbaine sensible (ZUS), le quartier « Les Dervaillières » au nord-ouest de Nantes fait l’objet d’une restructuration massive de son habitat 1960-1970. Le bâtiment construit par l’agence Tétrac remplacera la barre Mignard et propose de réactiver l’innovation qui a longtemps caractérisé le logement social. En lieu et place de la barre, 11 maisonnées de 6 niveaux sont accolées et dressées sur pilotis. Les logements ouvrent côté est sur des jardins privatifs, qui rappellent les jardins ouvriers. Une grande partie des logements ouvre sur des serres et tous sont déservis par plusieurs accès : ascenseurs, escalier et une passerelle extérieure en bois, haute sur pattes. Une approche bioclimatique a été privilégiée dans ce projet. Pour les architectes, il était « important que les habitants se disent : c’est ma maison! ».

Respiration. Rennes

Sur un ancien site de l’armée, Philippe Gazeau a choisi une réinterprétation de la modernité en associant 2 tours à des logements bas donnant sur des jardins.  Les deux tours minimisent les ouvertures au nord et les multiplient au sud où elles donnent sur des loggias en saillis, colorées de teintes acidulées. L’ensemble joue sur le contraste de hauteurs des tours et tente de s’adapter aux contraintes du site. Au nord et à l’est, il se protège de deux axes importants et de la voie de chemins de fer en conservant et prolongeant un mur de schiste pour contenir le bruit des circulations. A l’ouest, il s’ouvre sur un terrain de sport transformé en parc.

Modes de vie. Bordeaux

Construites sur un terrain inondable, les 21 petites maisons ont été édifiées sur pilotis. L’enjeu était ici de concilier habitat individuel et forte densité. « Aux Diversités », Raphaëlle Hondelatte et Mathieu Laporte ont dessiné un front de petits bâtiments en arc de cercle au croisement des rues, quelques magasins et bureaux au rez-de-chaussée et les logements au-dessus. Ici, l’agencement traditionnel a été inversé : l’entrée se fait par les chambres qui se situent au 1er niveau, le salon au est au 2e et le dernier étage comprend la cuisine et une terrasse de 22m2. Ce dispositif a été privilégié pour favoriser l’autonomie des habitants, qui ne sont plus obligés d’aller dans l’espace commun. L’inversion des espaces jour/nuit est également pensée pour s’adapter à l’intensité naturelle de la lumière. La question de la densité a été gérée en maîtrisant les vis-à-vis grâce à une orientation étudiée des différentes ouvertures des  façades.

Enveloppé, protégé. Grenoble

p style= »margin: 0cm 0cm 0pt; »>Le nom donné par l’architecte Édouard François à ce bâtiment est Skin Wall( peau de mur) et exprime l’une des composantes majeures du projet. Il s’agit d’une membrane posée comme un drap sur cet immeuble qu’elle isole par l’extérieur. Chacun se couvre pour sortir ? Cet immeuble fait de même…Il se protège avec un isolant classique puis s’habille avec cette bâche imperméable, légère, recyclable. Une installation qui devrait permettre des économies d’énergie et des charges moindres pour les usagers.  De plus, Skin Wall respecte les 14 points de la Haute Qualité Environnementale. Les espaces collectifs déclinent des coursives en bois en façade, se poursuivent en passerelles privatives et jardins individuels sur le toit. De plus, tous traversants, les appartements sont orientés est-ouest ou nord-sud.

Terrasses en ville. Stéphane Maupin

Ce projet fait partie des 9 immeubles de 20 logements chacun (140 en locatif, 40 en accession) à construire rue Rebière à Paris et se situe entre le cimetière des Batignoles et une façade aveugle. Pour répondre aux contraintes (HQE, RT 2005, ..) et aux réalités du site, le projet de Stéphane Maupin et de Nicolas Hugon propose  un immeuble comme replié sur lui-même, un immeuble où la toiture fait place à deux pentes face à face transformées en terrasses. Une large surface extérieure est laissée aux habitants, pour un vrai confort d’utilisation. Entre immeuble classique et lotissement, l’opération propose de tenter une autre voie : «réapprendre le « vivre ensemble » en repensant les notions d’espace privé et d’espace collectif.

Hautes sur pattes. Bayonne

Voici un projet hors du commun qui fait écho aux rêves d’enfance de cabanes dans les arbres. Les 39 maisons en bois font comme un village en bordure d’une petite forêt. Les habitations sont construites sur un terrain pentu.  Les unes sont construites sur une simple semelle de béton, les autres sont montées sur pattes. Les maisons sont livrées en kit,  panneaux rétifiés et  cadres structurels, et sont assemblés sur le chantier. Cette standardisation n’empêche pas pour autant la forte identité du site : bois des landes jamais identique, décalage de hauteurs entre les maisons. L’intérieur, modeste, a été pensé en fonction du confort et de l’intimité des habitants.

Déborah Antoinat

Informations pratiques:

Cité de l’architecture et du patrimoine

Palais de Chaillot – 1 place du Trocadéro

Paris 16e (métro Trocadéro)

Ouverture tous les jours de 11h à 19h nocturne le jeudi jusqu’à 21h

fermeture le mardi

Plus d’information

sur www.citechaillot.fr