« Bouger autrement » (4) : Autolib’ se lance enfin
Annoncé en grande pompe en octobre 2008, Autolib aura connu de multiples rebondissements depuis un an. L’attente devrait bientôt prendre fin. En effet, Bertrand Delanoë a confirmé le 11 septembre dernier que lappel d’offre pour le système de location de véhicules électriques en libre service serait lancé avant la fin de l’année. Pour rappel, l’objectif dAutolib est la mise en place d’un réseau de voitures électriques propres. Cest un projet de service de location horaire et en « trace directe », c’est-à-dire où lon peut emprunter un véhicule dans une station et le déposer dans nimporte quelle autre station (comme le Vélib). À terme, Autolib devrait aider à limiter la possession de véhicules individuels, en offrant une alternative crédible et écologique aux déplacements qui nécessitent une voiture à Paris et en métropole. Or, cest bien la volonté détendre le dispositif à la métropole qui aura retardé les choses depuis douze mois : le refus de la création du syndicat mixte aurait limité Autolib à Paris intramuros. Mais la préfecture de Paris a finalement autorisé la création du syndicat en juillet dernier. Pour mettre en place le dispositif, la création de 1 400 stations (dont la moitié dans les rues de la capitale) et la livraison de 4 000 véhicules électriques sont attendues, pour un lancement prévu à la fin de lannée prochaine. Le succès nest pas garanti Si l’on peut saluer la mise en place dun tel projet, les précédents ont montré quil nétait pas pour autant un gage assuré de succès. Dans les années 1970, Amsterdam a ainsi mis en place le même système. Mais 30 ans plus tard, les voitures en location peine toujours à trouver leur public. La ville hollandaise ne possède aujourdhui quun seul parc de 35 véhicules. En France, cest la ville de La Rochelle qui fait figure de pionnière en la matière. Mais le parc est composé dune cinquantaine de véhicules. Un nombre bien faible si on le rapporte à une population totale qui frôle les 80 0000 habitants. Autolib devra faire nettement mieux à Paris et la Mairie espère un engouement rapide à limage du succès du Vélib. Largument financier devrait en convaincre plus dun. Alors que le coût mensuel dune voiture atteinte 300 euros par mois (entretien + essence) pour une personne qui lutilise pour se déplacer sur son lieu de travail, Autolib sera proposé dans une fourchette de 15 à 20 euros par mois et entre 4 et 6 euros la demi-heure d’utilisation. Par ailleurs, la Mairie de Paris souhaite fournir aux utilisateurs du service des voitures quatre places. Or, loffre en véhicule 100 % électrique et quatre places est pour linstant très limitée (voir notre article sur le sujet). Les constructeurs automobiles proposent pour la plupart des véhicules deux places, plus adaptés à une propulsion électrique (plus le véhicule est léger, plus lautonomie de la batterie sera grande). Reste également linterrogation quand à lespace nécessaire pour installer les 700 stations du système dans une capitale où les places de parking ne sont pas légion. Quand au calendrier, il sera difficile à tenir. Les candidatures déjà reçues suite à lappel doffre pourraient le faire retarder (plus les candidats sont nombreux, plus les consultations sont longues), et Autolib a plus de chance de voir le jour en 2011 quen 2010. À ce jour, trois candidats sont déjà connus : Veolia Environnement (par l’intermédiaire de sa filiale de transport), Transdev (filiale de transports publics de la Caisse des dépôts) et un groupement constitué par la SNCF, la RATP, Vinci Parc et Avis.