Nucléaire : Quels risques ? (2)
24 ans après la catastrophe de Tchernobyl, l’énergie nucléaire s’est largement développée en particulier en France, où elle représente 80 % de l’électricité produite. Mais si aucun accident de l’ampleur de celui de la centrale ukrainienne n’a eu lieu depuis, on peut se demander quels risques la production de ce type d’énergie implique aujourd’hui.
C’est en 1973 que la France a crée son premier « Service central de sûreté des installations nucléaires » (SCSIN). Un organisme qui aura évolué au fil des années en acquérant des compétences élargies et un statut différent. Le dernier date de juin 2006, lorsque la France s’est dotée d’une nouvelle loi ayant pour objectif de « mettre en œuvre dans le domaine du nucléaire les principes environnementaux applicables aux autres secteurs d’activité : principe de précaution, principe pollueur-payeur, principe d’information du public« . Une initiative tardive qui aura permis la création d’un « Haut-Comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire » (HCTISN) dont la mission doit être de « contribuer à l’information du public sur les activités nucléaires, instance de débat et de concertation ». Le HCTISN peut également « se saisir de toute question relative à la transparence de l’information en matière nucléaire« . Cette loi impliquait aussi la création d’une Autorité de sûreté nucléaire (ASN), « autorité administrative indépendante qui sera chargée de contrôler les installations nucléaires ainsi que la radioprotection des hôpitaux et des centres de recherche. Elle sera chargée, en cas de crise d’informer le public et de faire des recommandations au gouvernement« .
Bref, deux organismes publics destinés à prévoir l’impensable sur un sujet qui enflamme les passions depuis que la France a décidé de faire du nucléaire sa principale source de production d’électricité. Il n’y a qu’à voir à ce propos les conclusions diamétralement opposées du « Réseau Sortir du nucléaire » et d’Areva sur la troisième génération de réacteur appelée EPR (European Pressurized Reactor). L’ASN émettant également de son côté ses conclusions sur la sécurité de ces nouveaux réacteurs nucléaires.
La problématique des déchets
Si la création de ces deux organismes est censée garantir ce « principe de précaution » sur le territoire français, il n’en va pas forcément de même quand la problématique prend une dimension internationale. Ainsi, le dernier exemple en date remonte à juin dernier. Dans un documentaire intitulé « Déchets, le cauchemar du nucléaire » (également paru en ouvrage et diffusé sur Arte en novembre 2009. Dans ce dernier, les auteurs (la journaliste de Libération Laure Noualhat et le réalisateur Éric Guéret) révélaient l’existence d’un gigantesque site de stockage à Tomsk en pleine Sibérie contenant de l’uranium appauvri issu du ré-enrichissement de l’uranium de retraitement français. Une information qui aura incité Jean-Louis Borloo à saisir le Haut Comité pour la Transparence et l’Information sur la Sécurité Nucléaire (HCTISN) afin de connaître les flux exacts des matières échangées avec la Russie, ainsi que le bilan du retraitement français.
Prévue du 8 au 10 juin 2010, cette visite sera une première fois repoussée en raison de « la perception très négative par les populations locales de la vision de la France sur l’activité du site de Tomsk« . Pire, elle sera même finalement purement et simplement annulée le 29 juin dernier. « Cette décision a été prise suite à l’information reçue par le Président du HCTISN hier après-midi que deux membres du Haut comité prévus dans la délégation (qui appartiennent aux collèges des salariés et des associations de protection de l’environnement) n’étaient pas autorisés à pénétrer sur le site de Tomsk où se situent les installations de la société ROSATOM » indiquait le communiqué de la HCTISN.