Témoignage : à la cueillette des essaims d’abeilles en ville
Entre avril et mi-juillet les colonies d’abeilles peuvent quitter la ruche pour fonder une colonie nouvelle : c’est l’essaimage… Des apiculteurs viennent cueillir ces essaims qui effraient souvent les citadins.
Les villes sont devenues des refuges pour les abeilles domestiques. Loin des pesticides de l’agriculture conventionnelle, elles se portent plutôt mieux dans la cité. On compte ainsi par exemple à Paris plus de 700 ruches. Au début de l’été les colonies essaiment naturellement. La vieille reine quitte la ruche avec une bonne partie de la colonie pour aller s’installer ailleurs, tandis qu’une nouvelle reine s’apprête à sortir de sa cellule royale, pour être adoptée et élevée par les ouvrières. C’est le processus naturel de renouvellement de l’espèce, même si souvent les apiculteurs tentent de limiter ce processus qui décime pour un temps la population de la ruche et donc sa capacité de production.
Dans un vrombissement d’avion, l’essaim va se poser à proximité dans un premier temps et s’accroche la plupart du temps sur une branche mais parfois sur une poignée de porte de magasin, sur un lampadaire. Des éclaireuses vont alors en quête d’un refuge plus pérenne : un tronc d’arbre creux, une cavité, derrière un volet… En ville, l’arrivée de cette boule de milliers d’abeilles fait peur. Alors on appelle au secours police ou pompiers qui ne s’en occupent pas ou plus sauf à baliser la zone si l’essaim s’est posé dans l’espace public. Le salut viendra d’un apiculteur qu’il vous faudra trouver.
C’est ainsi que chaque année, je suis appelé pour venir cueillir des essaims dans Paris. Mais avant de partir je questionne la personne qui fait appel à moi. En effet, très souvent il ne s’agit pas d’un essaim d’abeilles mais simplement de quelques abeilles solitaires qui ne vivent pas en colonie et qui creusent leur nid dans la terre ou des abeilles qui butinent nectar ou pollen sur un arbuste mellifère. La récupération sera parfois impossible si l’accessibilité est difficile – ce qui arrive quand les abeilles ont jeté leur dévolu sur un arbre de grande hauteur, un toit ou une cheminée. Les appels concernent également souvent des nids de guêpes ou de frelons, reconnaissables à leur forme en boule de papier. Ces derniers ne se récupèrent pas et il faudra faire appel à une société spécialisée pour s’en débarrasser. L’année dernière, j’ai ainsi par exemple récupéré un essaim sur la terrasse du restaurant du Moulin Rouge et un autre sur un chantier de construction.
Même si la manipulation est impressionnante pour le non initié, elle est peu dangereuse et d’autant moins que les abeilles se sont gorgées de miel avant de quitter leur domicile, ceci appuie sur leur abdomen et les empêche de piquer. On fait alors tomber cette grappe dans une ruchette et dès que la reine est rentrée dans son nouvel habitat, les ouvrières vont battre le rappel en levant leur postérieur à l’entrée de la ruche. En quelques minutes elles seront toutes à l’abri et il suffira d’emmener ces avettes à plus de 3kms sinon elles risquent de revenir à leur point de départ. Dans ce nouveau rucher, elles pourront recommencer à produire un miel urbain désormais réputé sans plus gêner personne.
Pour en savoir plus :
Le blog de Jean-Jacques Fasquel : http://apiculteuraparis.blogspot.fr/
SoS Essaims : http://abeille.gudule.org/