Les biocarburants : d’une génération à l’autre (2e partie)

Les biocarburants : d’une génération à l’autre (2e partie)

Les biocarburants seraient une alternative crédible au carburant classique dérivé du pétrole ? Pas sûr,  leur concurrence directe avec la filière alimentaire semble désormais les condamner à une utilisation limitée.

Adieu la graine, bonjour la tige

L’axe de recherche s’oriente donc désormais sur des carburants de deuxième génération, tirés de cultures non alimentaires ou "ligno-cellulosiques dédiées", c'est-à-dire valorisant la plante entière (par exemple, l’épi de maïs est utilisé comme denrée alimentaire et la tige de la plante, comme productrice de biocarburant). Plusieurs annonces récentes de pétroliers vont d’ailleurs dans ce sens. Le groupe britannique BP (numéro trois mondial) a racheté l’année dernière la société américaine Verneium, productrice d’éthanol cellulosique. Un carburant de seconde génération qui sera produit dans une usine de Floride à partir de 2012 avec 800 000 barils par an. De son côté, le groupe français Total a annoncé en septembre 2008 sa participation au projet Futurol sur les biocarburants de deuxième génération. Prévu sur huit ans, l’objectif de cette société française est de concevoir un combustible créé à partir de la fermentation de la biomasse (valorisation des déchets des forêts et de l’agriculture) grâce à l’apport d’une enzymes capables d’accélérer la décomposition du bois, des déchets urbains ou de la paille. Certains constructeurs eux-mêmes se sont lancés dans la production de ce type de carburant, à l’image de Toyota qui a annoncé une production industrielle pour 2015.

Un baril à 65 dollars sinon rien Toutes ces [initiatives] encouragées par les subventions publiques devraient permettre de poursuivre la dynamique engagée sur les biocarburants, tout en respectant la filière agricole classique. Un virage bienvenu d’autant que les biocarburants ne représentent aujourd'hui que 0,7% du marché mondial alors qu’on prévoit qu’ils atteignent 4 à 7% à l’horizon 2030. Mais de nombreux défis restent encore à relever pour permettre à cette nouvelle génération de carburant d’atteindre une telle production. Son coût de production à grande échelle devra être rentabilisé pour permettre aux grandes firmes pétrolières de se lancer concrètement sur le créneau. Le prix du baril de pétrole sera donc un indicateur essentiel à cet effet. Selon l’Institut français du pétrole, seul un gazole produit à partir d’un brut à 60-65 dollars le baril rendra compétitif le biodiesel D’autre part, des infrastructures adaptées devront être élaborées (on pense notamment aux champs d’algues sur les océans). En 2008, même Georges Bush (pourtant peu réputé pour ses tendances environnementales) déclarait au Forum économique mondial de Davos son intention de réduire la consommation d’essence de 20% d’ici à 2017. Mais Georges n’est plus au pouvoir depuis bientôt deux mois. À charge à son successeur de mettre en pratique les bonnes intentions de W… Vincent Girard Article également paru dans 4x4live.com.