Les biocarburants : d’une génération à l’’autre

Les biocarburants : d’une génération à l’’autre

Les biocarburants seraient une alternative crédible au carburant classique dérivé du pétrole ? Pas sûr,  leur concurrence directe avec la filière alimentaire semble désormais les condamner à une utilisation limitée. Place désormais au biocarburant de deuxième génération issu de ressources végétales, agricoles et forestières, jusqu’alors inexploitées.

Depuis le 1er janvier 2009, les grands groupes pétroliers ont dû avaler la (petite) pilule. Les biocarburants (éthanol, superéthanol, EMHV) font en effet l’objet d’une réduction progressive des avantages fiscaux dont ils bénéficiaient jusque-là. Pire, cette réduction de la TIPP (Taxe Intérieure de consommation sur les Produits Pétroliers) sera graduellement diminuée jusqu'en 2012. En réalité, les biocarburants sont simplement victimes de leurs succès. Si le gouvernement avait jusqu’à cette année encouragé les sociétés pétrolières à incorporer du biocarburant dans les essences classiques (via ces avantages fiscaux), la mesure avait si bien fonctionné qu’elle menaçait désormais de coûter trop cher à l’état. Or, en ces périodes de disette financière, toute dépense excessive (même bordée de bonne intention) n’est pas forcément la bienvenue. Mais pas de panique, les biocarburants devraient subir une augmentation de seulement 2 centimes du litre d’ici 2012. Mieux, le gouvernement va désormais encourager les particuliers à s’équiper de véhicules roulant au super éthanol E85, grâce à un abattement de 40 % sur les taux d'émissions de CO2. On vous conseillera pourtant avant tout achat précipité la consultation de la carte des stations E85 de France, car le seuil des 300 lieus de distribution en France n’a même pas encore été dépassé.

 

Une première génération condamnée ?

Aujourd’hui, la plupart des biocarburants commercialisés sont dits de "première génération". On entend par là tout les carburants issus d’origine agricole (maïs, soja, céréales, tournesols…). Mais si cette première génération a permis de développer de nouveaux marchés agricoles (nombres de paysans brésiliens vivent aujourd’hui grâce à cette culture), elle a aussi atteint ses limites en concurrençant directement la filière alimentaire et en limitant ses surfaces exploitables. Autrement dit : en nourrissant les voitures au détriment des hommes. Une problématique pointée du doigt du dernier sommet de la FAO sur la sécurité alimentaire en 2008 (articles: 4x4live). L’exemple le plus flagrant provient forcément du bioéthanol. Présent Portes de Versailles sur le Salon de l’Agriculture (21 février – 1er mars), cette filière expose sur son "Village du Bioéthanol" (Hall 2.2) une Renault Clio Rip Curl qui roule à l’E85. Du champ au pot d’échappement, le bilan en gaz à effet de serre de carburant est plutôt bon. Selon l’ADEME, l’éthanol issu du blé émet 60% de CO2 en moins qu’un carburant de référence. Mais gros point noir, il utilise les ressources alimentaires de base (amidon, canne à sucre, céréales) pour sa production. Vincent Girard