Un nouveau grenelle pour sauver la mer

Un nouveau grenelle pour sauver la mer

Jean-Louis Borloo a lancé le 27 février dernier un appel à projet pour la mise en place d’un Grenelle de la mer. Quatre groupes de travail ont déjà commencé leurs discussions pour une meilleure approche du domaine maritime. Un projet essentiel quand on sait que la France possède le deuxième espace maritime au monde.

Après le vert, le bleu. Boosté par le succès (surtout médiatique) du Grenelle de l’environnement, le ministre de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire Jean-Louis Borloo est reparti pour un tour. C’est désormais la mer qui sera au centre des attentions dans les prochains mois en matière d’environnement. Le but de ce nouveau Grenelle de la mer : prolonger et approfondir les premiers engagements pris dans le cadre du Grenelle Environnement afin de "proposer une ambitieuse politique de la mer partagée par tous", selon les termes du Ministre de l’Ecologie. Si les groupes de travail (Etat, collectivités locales, acteurs de l'économie maritime et représentants de la société civile) seront tout d’abord amenés à travailler "en silence", leurs conclusions dévoilées dans trois mois devraient donner l’axe majeur des prochaines décisions en la matière. L’objectif final étant de parvenir à des engagements définitifs avant la fin de l'année.

La source d’énergie du futur ? Sur les nombreux sujets possibles de débat concernant l’avenir de la mer, quatre thèmes ont donc été retenus par le Ministère : Le développement "harmonieux" du littoral, le développement d'activités maritimes "compétitives et soutenables sur le plan environnemental", la valorisation des métiers de la mer, et l'instauration d'une nouvelle gouvernance aux niveaux national et international. Autant d’enjeux et de défis d’importance pour la France, dont le territoire maritime est le deuxième plus important du monde derrière celui des Etats-Unis. L’Hexagone compte ainsi près de 18 000 kilomètres de côtes, plus de 11 millions de kilomètres carrés de surface sous-marine, et des frontières maritimes avec 30 pays. Une vaste surface bleue qui pourrait dans les années à venir être la source de nouvelles énergies. On pense notamment à la récupération de l’énergie produite par les courants de la mer, la houle de l’océan, la biomasse des fonds marins, ou les différentiels de températures… Par ailleurs, plus de 6 millions de Français résident dans les communes littorales, soit 10% de la population et une densité de 315 habitants par km², c'est-à-dire trois fois supérieure à la moyenne nationale. Dès lors, comment protéger les littoraux de cette pression démographique grandissante ?

Des millions d’espèces maritimes à découvrir Mais d’autres sujets sensibles seront abordés dans les prochaines semaines. Parmi eux, les quantités de poissons pêchés dans un contexte où les réserves s’amenuisent. Ainsi, selon Greenpeace, "80% des espèces de poissons sont pleinement exploitées ou surexploitées et jamais la biodiversité marine n'a été autant menacée par les pollutions, le réchauffement climatique et l'exploitation désordonnée de ses ressources". Mais on peut s’interroger sur une éventuelle limitation de pêche, qui placerait d’emblée la France en difficulté face à ses voisins et concurrents commerciaux, ces derniers n’ayant toujours pas lancé leur propre Grenelle de la Mer. Le développement de l’aquaculture (pisciculture, conchyliculture, algoculture) pourrait donc apparaître comme la meilleure alternative à une pêche de masse. Enfin, certains thèmes plus particuliers seront aussi au programme de ce Grenelle. On pense notamment à la recherche scientifique (274 000 espèces marines ont été recensées sur les 10 à 100 millions estimées), aux difficultés de recrutement de la Marine nationale, ou le développement des activités sportives aquatiques.

Pour finir, un mot sur l’agenda du Grenelle. Après que les groupes de travail auront dévoilé leur conclusion en mai prochain, le mois de juin sera consacré à une concertation plus large, avec l'ouverture d'un site Internet et l'organisation d'une vingtaine de réunions dès les Journées de la mer qui se dérouleront du 8 au 14 juin. Une table ronde finale devra déboucher sur des engagements précis d'ici à la fin de l’année.

Vincent Girard

 

L'’agenda du Grenelle de la Mer :

1ère étape

– Mars : constitution des 4 groupes de travail réunis autour de plusieurs thématiques. Objectif : établir un constat et des propositions 2ème étape

– Avril et mai : Concertation entre les acteurs au sein des groupes de travail. Une étape ponctuée par 4 réunions de travail. Cette phase de concertation, de débats et d’élaboration des propositions au sein des groupes de 3ème étape

– Juin – Phase de consultation des Français Deux modalités de consultation seront mises en place : Une consultation en ligne sur www.legrenelle-mer.gouv.fr, et des réunions « Grenelle de la mer » organisées sur une journée, à l’échelon régional. Plusieurs événements seront ainsi organisés pendant cette période (Journée mondiale des océans le 8 juin, Journées de la mer du 8 au 14 juin…) 4ème étape

– La table ronde finale : fin juin / début juillet. Celle-ci débouchera sur une série d’engagements précis, quantifiés et partagés.