Mi-coloc de geeks mi-incubateur, la première hackerhouse en France est née

Mi-coloc de geeks mi-incubateur, la première hackerhouse en France est née

Dans un petit pavillon de la banlieue parisienne vit une dizaine de jeunes. Ils sont développeurs, designers, business-développeurs et ont entre 19 et 27 ans. Ils partagent tous le même toit et travaillent dans la même start-up, Seed-Up qui se présente comme la première hacker-house et une pépinière entrepreneuriale en France. Reportage.

A bien des égards, la maison de Seed-Up ressemble à une colocation classique entre jeunes, composés d’étudiants et jeunes actifs avec pizza et pâtes au menu et soirées jeux vidéos ou séries TV. Mais Seed-Up ne saurait se résumer à ces quelques clichés. Car ce qui regroupe avant tout ces jeunes, c’est le goût de la technologie et l’envie d’entreprendre. Au rez-de chaussée, est installé un coin « bidouille électronique » avec une imprimante 3D. Dehors, une table de ping-pong est mise à disposition et quelques poules se trouvent même au fond du jardin. Pour les jours de beau temps, un espace de réunion à l’extérieur a été prévu mais en ce mardi frais et pluvieux de la fin juin, tous les garçons et la seule fille de la hacker-house sont regroupés dans le salon, devant leurs écrans, chacun occupant un petit bout de table.

Les membres de l'hackerhouse Seed-Up

Les membres de l’hackerhouse Seed-Up

Depuis 6 mois maintenant Paul Poupet, fondateur de Seed-Up, occupe les lieux. « On était trois au démarrage avec l’envie d’innover technologiquement dans un esprit fun et de partage de compétences », explique le jeune entrepreneur. Très vite, la maison s’est remplie. Et le modèle semble séduire : près d’une cinquantaine de candidatures ont été reçues pour le poste de responsable de communication. Paul Poupet ne cache d’ailleurs pas sa fierté, qualifiant les uns et les autres de petits génies : «  On a deux de nos développeurs qui participent au concours de meilleur développeur de France. »
Un modèle venu des États-Unis
En France, on connaît surtout les hackerspaces ou hacklabs, ces lieux alternatifs où la bidouille est reine et où l’Open source est une valeur sacrée. Quant aux hackerhouses, elles ont vu le jour dans la Silicon Valley aux Etats-Unis au début des années 2010 avec un concept simple : des entrepreneurs et programmeurs vivent ensemble pour créer une communauté propice à la création. Un peu à la manière des hackathons, ces compétitions de 48 heures réunissant des développeurs, designers et ingénieurs pour fabriquer une application ou un service, l’idée est de rassembler des compétences et des talents pour stimuler la créativité.

Les jeunes de la première hackerhouse de France estiment avoir développé « une version française » du concept, où les colocataires sont tous associés à l’ensemble des projets [ils ont des parts dans les projets développés en propre par la start-up], sont nourris, logés et payés.  Actuellement, la start-up développe plusieurs projets avec entre autres, une application de synchronisation de musique avec plusieurs appareils, une application de synthèse vocale pour la lecture d’articles de journaux ou encore un jeu vidéo éducatif. « En moyenne, le salaire est de 2000€/mois et le temps d’investissement demandé pour des prestations et missions extérieurs est de 30 % », souligne Paul Poupet. Le reste est libre mais la plupart utilise ce temps pour développer des projets entrepreneuriaux personnels ». Pour Elisa, 19 ans, responsable des relations presse, intégrer l’hacker-house Seed-Up est une véritable opportunité qui lui donne la possibilité d’avoir de vraies responsabilités très vite, juste après avoir validé son DUT information et communication. « C’est très enrichissant pour moi ! La seule inquiétude que j’ai eu avant d’arriver, a été de me demander si j’allais comprendre cet univers de geeks », s’amuse la jeune femme.

Paul Poupet en pleine bidouille électronique.

Paul Poupet en pleine bidouille électronique.

Pour cette bande de jeunes, participer à ce projet de hacker-house, c’est aussi une façon de refuser la manière de travailler classique, dans une entreprise lambda, avec des horaires bien réglés. Pour Paul Poupet, « les jeunes veulent être libres, travailler comme bon leur semble, coder toute la nuit s’ils le veulent et ont envie de vivre différemment, avec des colocs qui sont aussi des copains et des collègues. Il n’y pas de hiérarchie classique ici ». Un argument partagé par Robin, 20 ans, développeur : « Je fais un stage de six mois ici mais je pense revenir après avoir validé mon diplôme à l’école 42. C’est une super expérience, j’apprends chaque jour de nouvelles choses, il y a tout à faire et j’aime travailler dans cette ambiance où le patron est au même niveau que nous, avec lequel on peut aller boire un verre en fin de journée ou voir un concert. Cette organisation horizontale me convient bien ! J’ai davantage l’impression de vivre avec une bande d’amis qu’avec des collègues ! ».
Actuellement, Seed-up recrute deux personnes et deux projets de duplication sont prévus, à Levallois et sur le plateau de Saclay, pour septembre et pour janvier 2017.