Etes-vous locavore ?

Etes-vous locavore ?

Vous faites vos courses au marché et n’achetez que des produits de saison ? Vous poussez même jusqu’à aller chercher chaque semaine votre panier Amap ? Il se peut que vous soyez un locavore – espèce mandibulaire vivant dans la stricte observance de cette règle : ne manger que des aliments produits à moins de 160km de son domicile.

Nés à San Francisco il y a 3 ans dans le sillage des recherches de Tim lang sur les « food miles » (soit la distance parcourue du lieu de production à l’assiette), les locavores entendent alléger leur bilan carbone en choisissant des produits du cru. Ils témoignent ainsi d’une aspiration grandissante en Occident : le retour à l’échelle locale.

Il faut dire que le circuit de la production alimentaire s’est allongé ces dernières décennies au-delà du raisonnable. L’exemple du yaourt à la fraise parcourant environ 9115 kms avant d’arriver dans votre frigo est désormais connu. On pourrait encore citer le jus d’orange produit à plus de 10 000 kms de sa destination finale. Sans parler de ces produits exotiques devenus de consommation courante : thé, café, chocolat, bananes, etc.

Face au gaspillage énergétique perpétré par l’industrie agro-alimentaire, les locavores veulent revenir à une nourriture plus respectueuse de l’environnement. Pas toujours facile. Une internaute récemment convertie au régime locavore confie : « j’ai abouti à une douloureuse conclusion: plus grand chose ne méritait d’atterrir dans mon assiette. En tous cas, rien de transformé. En suivant le régime à la lettre, c’est à dire en me nourrissant exclusivement d’aliments issus d’un cercle de production de 160 kilomètres (100-mile diet), j’ai dû renoncer au café, au thé, au chocolat; à la plupart des fruits, sauf les pommes, les poires, les cerises et quelques raisins; à la majorité des fromages; aux viandes d’origine et aux poissons (sauf ceux pêchés à Dieppe); aux produits transformés à base de soja … »

Vous trouvez ce régime non seulement contraignant, mais un brin surranné ? Normal : après tout nos aïeux étaient comme Monsieur Jourdain se découvrant prosateur – des locavores qui s’ignorent. A croire que l’avenir se confond avec le passé…