La Petite ceinture a trouvé sa voie
Promeneurs et jardiniers, réjouissez-vous : longtemps laissée à labandon, la Petite ceinture parisienne renaît peu à peu
Un serpent de mer
Construit sous le second empire, ce boyau ferroviaire de 35 kms témoigne de ce quétaient les transports en commun avant le métro. On y a transporté les Parisiens jusquen 1934, puis les marchandises.
Depuis larrêt définitif du trafic dans les années 80, plusieurs pistes ont été explorées en vue daménager les lieux. Tramway, voie cyclable, lieu de promenade : la Petite ceinture a fait lobjet dune foule de propositions et dinnombrables querelles. Au point que de débats en projets daménagement restés lettre morte, lancienne ligne de chemins de fer a fini par devenir le serpent de mer de la Mairie de Paris.
Pour que la renaissance des voies soit possible, il a fallu que le(réseau ferré de France), leur propriétaire, parvienne à un accord avec la Mairie de Paris. En 2006, après des années de tergiversations, la compagnie ferroviaire a finalement accepté de louer certaines parcelles à la municipalité. Pour une durée limitée, mais quimporte : le protocole a permis de lever le principal obstacle à laménagement des lieux.
La nature à Paris
Depuis, la Petite ceinture est devenue par endroits un lieu de promenade. Porte dAuteuil et dans le 12e arrondissement, les badauds peuvent découvrir une biodiversité surprenante. « Sur la voie ferrée de la petite ceinture, rappelle la Mairie, sest constituée une originale jungle urbaine, avec orobanche du trèfle, morelle velue, tomate, vigne, rose trémière, figuier, pavot somnifère, maceron ». Non seulement les voies abritent la plus grande colonie francilienne de chauve-souris, mais certaines espèces, comme le Bombyx de l’Ailante, y sont uniques en France, voire en Europe. De quoi attirer en foule les amoureux de la verdure.
Renaissance d’un jardin ouvrier
Rue de Coulmiers (14e arrondissement), les abords de la voie sont devenus un jardin associatif. Une transformation obtenue de haute lutte : « les négociations ont été difficiles, affirme René Dutrey, premier adjoint au maire du 14e. Parallèlement aux discussions engagées par la Mairie, les habitants du quartier Jean Moulin – Coulmiers se sont mobilisés. ( ) Cette mobilisation a sans aucun doute pesé sur les négociations avec RFF, qui a finalement accepté de céder cette parcelle à la Ville. »
Non sans heurts : arbres fruitiers coupés par le RFF, incendies volontaires et interventions policières ont émaillé la naissance du projet. Autant de remous qui sont aujourdhui apaisés : ouvert en avril et géré par les associations Vert-Tige et les Jardins du cur, le jardin offre aux habitants du quartier de petites parcelles à planter. Compte tenu du nombre de prétendants, il a fallu tirer au sort les élus jardiniers, parmi lesquels une école. Depuis, les querelles ont fait place à de toutes autres questions. Exemple : fleurs ou légumes ? Et les tomates, un peu vertes pour la saison, pas vrai ?