Propositions d’aménagement pour nos centrales (nucléaires et autres)

Propositions d’aménagement pour nos centrales (nucléaires et autres)

Puisque les sites industriels agonisants se convertissent à tour de bras en éco-quartiers (voir Malmö ou Dunkerque), pourquoi nos centrales de production d’énergie ne deviendraient-elles pas des équipements culturels ou sportifs, voire des immeubles d’habitation ? Vous avez dit loufoque ? Détrompez-vous. A voir le nombre de projets de reconversions et l’inventivité des propositions d’architectes sur ce thème, on se dit que la transition énergétique nous promet un bel avenir culturel et sportif.

 

On s'éclate à la mine

Comme dans la dernière pub Areva, commençons par les heures glorieuses de l'épopée énergétique. Au fondement de l’ère industrielle, était le charbon. S’il continue de peser lourd dans la production énergétique mondiale (autour de 25%), en France, ça fait belle lurette qu’il fait moins figure d’énergie que de fossile. Depuis les années 1990, on s’attache donc à reconvertir les anciens sites de production : à Lewarde, l’ancienne fosse Delloye est devenue le musée de la mine ; à Noeux les mines dans le Pas-de-Calais, l’ancien terril a été transformé en piste de ski artificielle ; idem à Carmaux (Tarn), dont l’ancienne mine à ciel ouverte est devenue une base de loisir.

Aujourd’hui, c’est la centrale de Vitry qui fait l’objet de toutes les spéculations. Alors que sa fermeture est annoncée pour 2015, aucun projet de reconversion clair n’est pour l’instant envisagé. D’après le Parisien, elle pourrait être transformée en école pour jeunes recrues d’EDF, en centrale « écologique » ( ?) ou en musée dédié au patrimoine industriel. 

Mais l’exemple le plus célèbre de reconversion est londonien : avant son réaménagement par Herzog et de Meuron, la Tate modern était une centrale thermique au charbon…

 

La version sports d'hiver : une piste de ski sur un incinérateur

Comment redorer le blason (forcément terni) d’un incinérateur de déchets situé au cœur de Copenhague ? Il fallait rien moins que l’inventivité de BIG architects pour trouver la solution. En réponse au concours lancé par la municipalité pour redessiner la centrale énergétique d’Amager et mieux l’intégrer à un environnement de plus en plus résidentiel, l’agence danoise a proposé d’y aménager trois pistes de ski accessibles par l’ascenseur adjacent à la cheminée (l’histoire ne dit pas s’ils ont visité le terril de Noeux les mines, cité plus haut).

Pour ceux qui n’aiment pas skier, BIG a tout prévu : non seulement il y aura des murs végétaux sur l’incinérateur, mais la cheminée émettra un rond de fumée chaque fois qu’une tonne de CO2 aura été lâchée dans l’atmosphère…

 

La version sports nautiques : jours tranquilles sur une plateforme pétrolière 

Moins d’un an après l’explosion de la plateforme pétrolière Deep Horizon, l’idée d’abandonner tout forage en mer reste vivace dans les esprits. D’où le projet présenté par Ku Yee Kee et Hor Sue-Wern dans le cadre d’un concours lancé par le magazine d’architecture américain eVolo : reconvertir une plateforme en immeuble de logements. Le projet (purement virtuel) des deux architectes malais situe les habitations en surface, et propose d’aménager sous l’eau un laboratoire de recherche dédié à la vie sous-marine (forcément plus abondante après la fin du pétrole).

Bien que situé en pleine mer, le bâtiment serait autosuffisant grâce à ses turbines marémotrices, panneaux solaires et éoliennes, et on y accéderait en bateau.

 

En bonus : vacances à Turbine city, ferme éolienne

Ce qu’il y a de bien avec les énergies renouvelables, c’est qu’elles ont su tirer les leçons prodiguées par notre expérience du fossile. Du coup, c’est dès la conception qu’on envisage leur possible contribution à la florissante industrie des loisirs.

Exemple : le dernier projet de feue l’agence on Office. Bien conscient du potentiel énergétique des vents qui balayent la façade maritime norvégienne, ce groupe d’architectes proposait en 2010 d’aménager au large de Stavanger une énorme ferme éolienne doublée d’un complexe hôtelier avec spa.

Imaginez ça : sur une surface de 31.500 m2, ce parc énergétique de 49 éoliennes offshore, d'une puissance de 8MW, pourrait non seulement alimenter un hôtel, mais aussi 120 000 foyers situés dans la région de Stavanger, pour laquelle a été imaginé le projet. Reste à savoir si les masses auraient envie de troquer le littoral tunisien pour un séjour off-shore au milieu des turbines… 

 

Et demain, un parc d’attraction dans une centrale nucléaire ?

Ce n’est pas parce que le nucléaire « a une histoire qui n’a pas fini de s’écrire » (on pense surtout à l’exceptionnelle longévité de ses déchets) qu’on doit se priver d’imaginer à quoi ressemblerait la reconversion d’une centrale. Tchernobyl nous en fournit déjà un exemple : pour certains, l’ancien site fait figure de réserve naturelle, avec ses loups, chevaux sauvages et gracieux mutants.

Mais il est certainement possible de pousser un peu plus loin le rêve. Evidemment, l’appréciable surface des cheminées de refroidissement promet monts et merveilles aux amateurs d’escalade. On peut aussi spéculer sur les activités nautiques qui pourraient avoir lieu dans les bassins, à moins que les vapeurs générées par la centrale ne fasse plutôt pencher pour une reconversion en spa.