Carrotmob ou le militantisme consumériste
Apparu aux États-Unis en 2008, le mouvement des « carrotmob », référence à l’expression « la carotte et le bâton », débarque depuis peu en France, où quelques actions se mettent en place. Le principe ? Consommer pour mieux changer les mentalités et agir pour l’environnement. Le point sur ce militantisme consumériste, à l’opposé du boycott et loin des discours sur la décroissance.
« Avec le boycott, tout le monde perd. Avec Carrotmob, tout le monde gagne ». Ce slogan n’est autre que celui que l’on découvre sur la page d’accueil du site officiel du mouvement Carrotmob.org. La première campagne s’est déroulée à San Francisco en 2008 à l’initiative d’un jeune américain, Brent Schulkin, convaincu que le business est un levier d’action pour attirer l’attention sur les problématiques environnementales. Depuis, le mouvement se répand un peu partout dans le monde et près de 150 campagnes auraient déjà été réalisées. Carrotmob s’inscrit dans un consumérisme écologique qui se veut positif: mettre en place des actions « coup de poing » qui visent à soutenir les entreprises s’engageant à adopter des pratiques respectueuses de l’environnement. Pour cela, les organisateurs mobilisent des « consom’acteurs », notamment via les réseaux sociaux, pour investir un magasin précis et y faire leurs courses. L’opération est très rentable pour le commerçant, qui s’engage par la suite à consacrer une partie des bénéfices ainsi réalisés à l’amélioration des performances environnementales de son commerce, notamment via l’achat de matériel.
En France, le mouvement de la carotte demeure très confidentiel. Après un premier Carrotmob avorté à Bordeaux en 2009, Rochefort ouvre le bal en 2010 puis c’est au tour de Lyon de se lancer en avril dernier. « Pouvoir agir pour l’environnement sans passer pour des extrémistes, c’est ce qui nous motivait », raconte le jeune étudiant en informatique Theo Negri qui a organisé, en compagnie de son acolyte Eric Khun, ce premier happening lyonnais. Lieu retenu pour l’événement : l’épicerie « De l’autre coté de la rue », une enseigne déjà sensibilisée aux enjeux du développement durable puisqu’elle propose des produits locaux, biologiques ou issus du commerce équitable, et qui s’était engagée à changer ses radiateurs avant l’hiver, à passer de EDF à Enercoop, un « fournisseur d’électricité verte » et à revoir l’isolation. Malgré un certain écho médiatique, l’opération lyonnaise a été un véritable fiasco puisque selon l’un des membres de la coopérative « seul l’organisateur est venu acheter une tablette de chocolat ». La carrotmob à la française semble avoir bien du mal à trouver l’intérêt des consommateurs. Une difficulté supplémentaire pour cette initiative qui s’ajoute à celle de trouver des commerçants partants, généralement peu enclins à ce type de manifestations.